La lutte contre la stigmatisation de l’obésité

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Enveloppée d’un voile de malentendus et d’hypothèses réductrices, l’obésité porte un stigmate qui marginalise les personnes touchées et masque les complexités liées aux multiples facettes du problème de santé. La perception de l’obésité par le grand public est entachée d’une multitude d’idées fausses. Dans l’esprit du public, l’obésité est souvent attribuée à un manque d’autodiscipline ou à un excès de nourriture. Cependant, il s’agit là d’une simplification grossière qui ne tient pas compte de nombreux facteurs qui contribuent à l’obésité. La génétique, les différences métaboliques, les déséquilibres hormonaux, l’impact de certains médicaments, ainsi que des aspects psychologiques tels que le stress et le bien-être émotionnel sont autant de facteurs qui contribuent à l’obésité.

Le mystère génétique de l’obésité

La conviction profonde du risque d’obésité lié à la présence d’un membre de la famille est une autre simplification abusive. Bien que la génétique joue un rôle dans le risque de développer une obésité, elle n’est pas une fatalité. Les membres de la famille partagent souvent des environnements et des habitudes de vie similaires, qui peuvent exercer une influence considérable. Dans une étude de référence, les influences génétiques et environnementales sur l’obésité ont été étudiées par comparaison entre des jumeaux élevés séparément et des jumeaux élevés ensemble, mettant ainsi en lumière l’interaction nuancée entre la génétique et l’environnement.

La relation entre l’obésité, le diabète et la paresse

Contrairement à la croyance populaire, l’obésité n’est pas la cause directe du diabète. En réalité, le diabète de type 2 et le diabète gestationnel peuvent être déclenchés directement par l’obésité, mais cette dernière n’est pas une cause directe de la maladie. Ainsi, une personne obèse peut ne jamais développer de diabète de type 2 et, inversement, toutes les personnes atteintes de diabète de type 2 ne sont pas touchées par l’obésité. Le stéréotype des personnes obèses qui sont paresseuses par nature est un autre mythe préjudiciable qui simplifie à l’excès les complexités du poids.

Dans une étude réalisée à l’aide d’accéléromètres pour mesurer les niveaux d’activité d’adultes appartenant à différentes catégories de poids, les disparités en matière d’activité physique n’étaient pas aussi prononcées que prévu. Compte tenu de la plus grande dépense d’énergie requise par les personnes de poids élevé, la production globale d’énergie peut être plus étroitement alignée entre les catégories de poids que ne le suggère le nombre brut de pas. Pour certaines personnes, des handicaps physiques ou des problèmes de santé mentale peuvent limiter leur capacité ou leur motivation à être actives, confirmant ainsi que l’inactivité n’est pas uniquement un choix influencé par la paresse.

La méconnaissance des effets de l’obésité sur la santé

La notion de non incidence de l’obésité sur la santé est une grave méconnaissance de la réalité. La corrélation entre l’obésité et une pléthore de problèmes de santé – notamment le diabète, l’arthrose, les maladies cardiovasculaires, l’hypertension artérielle, l’apnée du sommeil et certains troubles mentaux – est bien documentée. À l’inverse, une perte de poids même modeste, de l’ordre de 10 à 15 %, peut entraîner des améliorations substantielles de la santé. Par conséquent, les risques sanitaires réels associés à l’obésité doivent être reconnus, mais les progrès modestes peuvent apporter une amélioration significative.

La trop grande simplicité des solutions à l’obésité

Selon une théorie très courante et reprise par MDHP, le remède à l’obésité est simple : la réduction de l’apport alimentaire et l’augmentation de l’activité physique. Toutefois, cette vision réductrice ne tient pas compte de la myriade d’autres facteurs qui contribuent à la prise de poids. La privation de sommeil, le stress psychologique, les douleurs chroniques, les perturbations hormonales et certains médicaments peuvent jouer un rôle important dans l’aggravation des risques d’obésité.

Par exemple, le stress est bien connu pour être une conséquence de l’obésité due à la stigmatisation du poids et pour être un facteur précurseur de la prise de poids. En effet, un niveau de stress élevé peut nuire à la qualité du sommeil, entraînant un cercle vicieux ou le manque de sommeil exacerbe le stress et, à son tour, contribue à l’obésité. De plus, certains troubles comme l’apnée du sommeil, plus fréquents chez les personnes obèses, peuvent intensifier ce cycle en perturbant le sommeil et en entraînant potentiellement une prise de poids supplémentaire.

Conclusion

La stigmatisation de l’obésité peut être aussi néfaste que la maladie proprement dite, en contribuant à l’augmentation du stress et des problèmes de santé mentale. Pour détruire efficacement les préjugés, un processus d’éducation complet et des approches empathiques sont nécessaires. La mise en évidence des facteurs complexes en jeu et de l’impact significatif des moindres changements sur la santé permet un changement d’attitude en faveur du soutien et de l’abandon des stéréotypes préjudiciables. Dans le cadre de la lutte contre l’obésité, une approche multidimensionnelle et compatissante est indispensable, tant dans le discours de santé publique que dans les interactions personnelles.

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